Raquel Pelissier, Miss Haïti 2016 et 1ère dauphine de Miss Univers 2016, nous a accordé, entre sourires et éclats de rire, une interview à la Brasserie du Théâtre lors de son passage en Martinique à l’occasion de l’élection de Miss Martinique 2017 dont elle était l’une des membres du jury.
À quel moment on se dit, qu’on souhaite participer à une élection de Miss ? Quel est l’élément déclencheur ?
« Lorsque j’étais en Espagne, j’ai remarqué qu’ils [les Espagnols] n’avaient pas une bonne image d’Haïti. Donc à partir de là, j’ai voulu changer cette image de mon pays. C’est pour cette raison que j’ai voulu participer à Miss Haïti. Ma mission était de changer le regard sur Haïti afin qu’on puisse découvrir cette face cachée que les médias ne dévoilent pas. »
Justement, Haïti est souvent associé à la misère, aux tensions politiques, à l’insécurité (…) lorsque vous nous parlez de face cachée, vous faites référence à quoi ?
« Effectivement, comme vous avez dit, Haïti c’est la pauvreté, les tremblements de terre… lorsqu’on regarde les médias, on pense qu’en Haïti, il n’y a vraiment rien. Mais il existe en effet, cette autre face que les médias ne montrent pas c’est-à-dire, la beauté de l’île, de belles plages… en fait, c’est comme la Martinique. Il y a une gastronomie riche, de beaux sites historiques et touristiques à visiter donc il y a beaucoup à découvrir. Haïti a beaucoup à offrir. Les gens sont très accueillants et sympathiques. »
Parmi tous ces lieux touristiques et historiques à découvrir, si vous ne deviez parler que d’un endroit en Haïti ce serait lequel et pourquoi ?
« J’aurais dit au nord, au Cap-Haïtien on peut y découvrir la Cidatelle et le Palais Sans Souci. L’histoire d’Haïti est très importante pour toute la Caraïbe je pense et l’Amérique latine (on peut le dire) car nous avons été la première nation libre, la première nation noire à être libre. Et nous avons inspiré toutes les autres colonies à lutter pour leur indépendance donc je pense que c’est un endroit très important à découvrir en Haïti. »
Qu’est-ce qui change en vous en tant que personne une fois couronnée ?
« On a une grande responsabilité. C’est un honneur de représenter son pays mais il faut savoir qu’on a une responsabilité car on porte le nom de son pays sur son buste donc à cet instant, il faut être un exemple, il faut être l’image de son pays. Il faut projeter l’image que l’on aimerait que les gens découvrent de notre pays. On devient sans même le vouloir, une ambassadrice pour son pays donc on a vraiment une tâche importante. »
Quel est votre projet professionnel pour les années à venir ?
« Ah ! Mais en fait j’ai plein de projets. Je ne sais pas si vous savez mais je viens de publier mon livre sur les concours de beauté. Ça s’appelle « L’art d’être belle dans sa peau » c’est un guide dans lequel je partage d’abord mon histoire, mes conseils pour exceller dans le monde des miss et aussi pour inspirer, motiver les jeunes et leur faire comprendre que leurs rêves sont accessibles. Je travaille beaucoup autour de ça, mon but : c’est d’inspirer. J’ai publié le livre le mois dernier en Haïti et je l’ai déjà traduit en anglais parce que je veux vraiment qu’il soit accessible sur le marché international. »
Vous venez de le préciser, dans votre livre « L’art d’être belle dans sa peau » vous partager des conseils de beauté donc selon vous, c’est quoi être une belle femme ?
« Pour moi être une belle femme ce n’est pas seulement la beauté intérieure mais c’est plutôt l’assurance. Une femme qui est belle, s’aime avant tout, elle est confortable dans sa peau et elle s’assume. »
Si vous deviez revivre votre élection de Miss, signeriez-vous à nouveau et pourquoi ?
« Si je savais tout ce que j’allais vivre, je ne sais pas si je l’aurais fait parce que j’ai du surmonter plusieurs épreuves. Si on dit à tout le monde « vous allez devoir faire tout ça », peut-être que ça les démotiverait. En ce qui me concerne, je ne savais pas. J’avais une mission, c’était attirer les regards sur mon pays et je voulais faire tout mon possible pour y parvenir et cela n’a pas été facile parce que dans mon pays, on a eu beaucoup de difficultés. On n’a pas vraiment reçu beaucoup de supports. Avec le cyclone Matthew, les deux élections présidentielles, le gouvernement ne pouvait pas nous supporter comme nous le souhaitons. On a du vraiment chercher et ça a été très compliqué mais j’ai réussi. C’est cette histoire qui me prouve que lorsqu’on lutte jusqu’au bout, on a des résultats. »
Vous nous avez parlé jusqu’ici de votre rôle en tant que miss, entre autres mais au-delà de ce titre, Raquel Pelissier a-t-elle une passion ?
« Euuuh…j’ai plusieurs passions ! Comme hobbies, j’adore le tissu aérien mais ma plus grande passion dorénavant, c’est d’inspirer les jeunes donc je veux travailler dans le social. Et j’aimerais également sortir ma première ligne de bikini. Mais je veux vraiment être active dans le social car j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de gens qui sont là pour moi, qui ont suivi mon parcours. Et en lisant leurs messages, je me rends compte qu’ils me considèrent comme une source d’inspiration. Toutes ces échanges me donnent envie de continuer et d’être là pour eux. »
Nous sommes constamment submergés d’informations quelles soient bonnes ou mauvaises. Pouvez-vous nous parler brièvement de deux sujets d’actualité qui ont retenu votre attention ces dernières semaines ?
« Dans mon pays, j’ai vu que le président, Jovenel Moïse, est très actif. Il a promis qu’il allait électrifier le pays en moins de 24 mois. Pour moi, c’est une grande nouvelle parce qu’en Haïti, on a de graves problèmes d’électricité et il a bien pris le temps d’expliquer d’où venait le problème qui se trouve plus dans la distribution. Il compte les fixer et tous les circuits pourront apporter de l’électricité au pays. C’est une très très bonne nouvelle, c’est pour ça que je voulais commencer par celle-là mais il y a de mauvaises nouvelles aussi. Par exemple, lorsqu’on parle des Etats-Unis avec Trump, il y a plein d’Haïtiens qui sont en train de se faire déporter donc la situation est compliquée là-bas. Donc j’espère que les Américains comprendront qu’il faut avoir un leader qui soit bien pour leur pays. »
Si nous prenons votre téléphone pour découvrir votre playlist des chansons les plus écoutées ces derniers jours, quelle sera la chanson en tête de liste ?
« I am cool girl – I am cool girl (en chantant) de Love To (rires). J’aime bien, j’ai défilé sur cette chanson donc s’est restée dans ma tête et ça me rappelle de bons moments. »
Après la musique, intéressons-nous à la gastronomie ! On est curieux de savoir, quel est votre plat préféré ?
« Le ceviche ! C’est un plat qui peut être cuisiné avec du poisson ou des fruits de mer. Les ingrédients sont coupés en morceaux et marinés dans du citron avec un peu de sel, etc. C’est un plat qui nous vient de l’Amérique latine. »
Puisqu’on est là pour en apprendre un peu plus sur vous, autant vous demander : quel est votre style d’homme ?
« Mon style d’homme… en fait je n’ai pas un style (rires) spécifique. Ce que je recherche chez un homme c’est qu’il m’aime, qu’il me respecte et qu’il me rende heureuse. Ce n’est pas demander beaucoup parce que moi, si je lui demande ces choses c’est parce que je peux l’offrir. »
Nap fini antèvyou–a an kréyòl ayisyen. Chak kreyòl diféran, ou gen pa ou, abitan zil yo gen kreyòl yo, Guyanè yo tou, (…). Ki sa ki vizyon ou sou tout kréyòl sa yo ? (= Nous terminons l’interview en créole haïtien. Chaque créole est différent, vous avez le vôtre, les Réunionnais ont le leur, les Guyanais également, (…). Quel regard portez-vous sur l’ensemble de ces créoles ?)
« Mwen pansé ké tout kréol yo prèsk menm jan ak trè pré. Épi sé pa paské yo diférann ké li dwé yon baryè » (= je pense que tous les créoles sont similaires et proches. Et ce n’est pas parce qu’ils sont différents que ça doit être une barrière).